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Wilfrid DE CONTI
Temps de lecture: 12 mn environ
Illustration par Fanny Lamouroux

Après 56 jours en confinement, les français(e)s auront enfin le droit de sortir de nouveau à partir du 11 Mai, sans attestation dérogatoire, pour la vie personnelle ou pour le travail. Si la perspective d’un « retour à la normale » est alléchante, le retour au bureau ne se fera pas dans ces conditions. En effet, nous voyons déjà fleurir ici et là des solutions de protection diverses et variées pour protéger le moindre centimètre carré de sol, de peau ou de poignée de porte. Mais comment s’y retrouver ?

Par chance, le ministère du travail a prévu un protocole de dé-confinement à destination des entreprises pour préparer un retour en douceur au bureau. Voyons ensemble les mesures phares conseillées par l’état et leur application concrète pour ne pas tomber dans le piège de la surprotection inutile… Vous ne voudriez quand même pas que vos bureaux ressemblent à un bunker de guerre…

Aussi, nous attirons votre attention sur le fait que cet article étudie la reprise du travail post confinement dans des bureaux et non dans un autre contexte.

Si vous souhaitez directement voir l’analyse des objets utiles et inutiles :

Cliquez ici pour l’analyse des objets

Les mesures de base et leur impact

Les mesures de dé-confinement conseillées par le ministère du travail portent sur 6 axes principaux. Parmi ces axes, un seul d’entre eux implique l’utilisation d’Equipement de Protection Individuelle (EPI) au bureau. Pour éviter de rentrer dans le détail de ces 6 axes, il est possible de les résumer à deux types de mesures :

  • Les mesures de protection collectives
  • Les mesure de protection individuelles

Voyons rapidement de quoi il s’agit.

Les mesures de protection collectives

Après plus de 50 jours en confinement, la plupart des français(e)s commence à bien les connaître.

Ces mesures sont absolument prioritaires et incontournables pour un retour à la normale le plus rapide possible. En effet, nous l’avons vu avec le confinement, les mesures de distanciation sociale ont permis une accalmie dans la circulation du virus.

Parmi ces mesures collectives figurent :

  • Le télétravail : On ne le répétera jamais assez, si vous pouvez télé-travailler et que votre déplacement n’est pas indispensable, restez chez vous. C’est la mesure de très loin la plus efficace pour limiter la circulation du virus !
  • La jauge : Il s’agit d’un critère « universel » d’occupation maximale des espaces ouverts au public et en milieu de travail. Le chiffre à retenir est qu’une personne doit avoir au minimum 4m² d’espace personnel afin de garder une distance d’au moins 1 mètre autour d’elle. Ce chiffre doit être considéré à partir de la surface « résiduelle » d’espace qui ne compte pas les communs et les meubles ou encore les rayons pour les supermarchés. Elle est d’environ 80% de la surface totale pour des bureaux.
  • Gestion des flux de personnes : Il faut repenser toutes les phases du processus d’arrivée dans l’entreprise afin d’identifier les « goulots d’étranglement » et ainsi, pouvoir réaliser un échelonnement des arrivées le matin par exemple.

Nos conseils

Pour respecter ces mesures, voici quelques principes pour réussir votre dé-confinement en toute sécurité.

  1. Envisagez de laisser en télétravail toute personne dont le déplacement au bureau n’est pas indispensable.
  2. Vous pouvez créer des équipes du matin et de l’après-midi si leur nombre permet de respecter les critères de jauge et de gestion des flux.
  3. Sinon, envisagez des arrivées échelonnées sur plusieurs heures, de 7 à 10 heures du matin par exemple et pareil le soir.

Les mesures de protection individuelles

A l’échelle individuelle, voici le socle de base pour votre protection  :

  • Lavage de main régulier, avec de l’eau et du savon. Éventuellement et dans des contextes de mobilité notamment, il est possible d’utiliser du gel hydroalcoolique. Enfin, il faut penser à ne pas s’essuyer les mains dans un dispositif réutilisable comme une serviette en coton.
  • Utilisation d’un mouchoir jetable pour se moucher et éventuellement, pour tousser.
  • Contrôler régulièrement sa température à l’aide d’un thermomètre (bien qu’environ 30% des cas de Covid19 soient asymptomatiques…).
  • Utilisation d’EPI comme des masques, des visières ou des écrans de protection. Ils doivent être considérés en dernier recours, si les mesures collectives ne sont pas suffisantes.

Sur ce dernier point, le rapport est assez clair. L’utilisation d’un équipement de protection individuelle possède un défaut structurel :

Les performances des EPI sont en effet étroitement dépendantes du respect de conditions d’utilisation idéales, lesquelles se trouvent rarement réunies en pratique. Leur utilisation peut alors procurer un sentiment indu de sécurité et même devenir contreproductive en conduisant à l’abandon des gestes élémentaires de prévention. Les EPI sont donc un complément des mesures de protection collectives et ne sauraient s’y substituer.

Voyons donc maintenant si chacun de ces EPI est utile ou inutile pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Les objets à la mode pour la lutte contre le coronavirus

On en voit de plus en plus à la télé, sur les réseaux sociaux ou encore même au supermarché. Ces nouveaux équipements qui viennent isoler de plus en plus les travailleurs dans leur bulle n’ont pas tous un grand intérêt, si ce n’est de donner l’impression d’être protégé.

En effet, face à la menace invisible et encore très peu comprise que représente le nouveau coronavirus Sars-coV-2, de nombreuses actions inutiles ont vu le jour à cause de la peur provoquée par cette pandémie. La dernière en date et la plus flagrante a été la désinfection des rues dans différents départements de France, jugée inutile et dangereuse selon le ministère de la santé.

Pour éviter de tomber dans une paranoïa active et transformer votre bureau en véritable bunker pour rien, voici une restitution de l’analyse du protocole national de dé-confinement et son impact sur les différents objets vendus ici et là pour « profiter » de la crise.

Les gants de protection : utiles ou inutiles ?

Réponse : inutiles

Pas besoin de vous faire un dessin, les gants de protection sont de plus en plus décriés dans leur intérêt pour le grand public. Le ministère du travail indique notamment dans sa note :

Eviter de porter des gants : ils donnent un faux sentiment de protection. Les gants deviennent eux-mêmes des vecteurs de transmission, le risque de porter les mains au visage est le même que sans gant, le risque de contamination est donc égal voire supérieur

Il n’est pas pas nécessaire que vous achetiez des gants de protection pour la reprise. Le virus ne traverse pas la peau 😉

Les gels hydroalcooliques en tout genre : utiles ou inutiles ?

Réponse : mitigé

Nous serons moins catégoriques avec le gel hydroalcoolique car il a un impact psychologique qui force les gens à se laver les mains fréquemment. Néanmoins, il n’est pas nécessaire d’en acheter des tonneaux car n’oubliez pas que la première mesure barrière contre le virus est de se laver les mains, à l’eau et au savon, en respectant les 6 étapes clés pour un bon lavage :

Achetez donc plutôt du savon pour éviter de payer très cher pour un liquide facilement remplaçable.

Les lingettes désinfectantes : utiles ou inutiles ?

Réponse : utiles

Le ministère du travail précise l’intérêt de la désinfection fréquentes des surfaces potentiellement en contact avec le virus. Cela permet effectivement d’éviter la propagation du virus sur des surfaces comme les salles de réunion qui peuvent être utilisées par différentes personnes dans la même journée.

Les porte-clés « hygiène » : utiles ou inutiles ?

Réponse : inutiles

Même principe que pour les gants de protection, ce type d’objet apporte un faux sentiment de protection. En possédant ce porte-clé, on a l’illusion d’être protégé alors que la priorité doit être de se focaliser sur les gestes barrières et le lavage de main.

Ne tombez donc pas dans le panneau de la fausse bonne idée.

Les stylos antibactériens : utiles ou inutiles ?

Réponse : inutiles

Nul besoin de rentrer dans le détail pour ce produit car il s’agit de la même logique. De toute façon, pour vos stylos, les règles sont simples : pensez à le désinfecter de temps en temps et à ne surtout pas le porter à votre bouche pour le mordiller.

Les visières de protection : Utiles ou inutiles ?

Réponse : indéterminé…

Le protocole national de dé-confinement ne fait pas du tout mention de ce type d’équipement. Cependant, voici la règle mentionnée dans la section des EPI :

[Les autres EPI] doivent être utilisés en cas d’impossibilité de mettre en œuvre de façon permanente les gestes barrières. Dans la plupart des situations de travail en entreprise, toutefois, les mesures d’hygiène (lavage des mains, etc.) sont suffisantes.

Selon cette règle, ces visières ne sont donc pas forcément utile. Le mieux serait-il donc d’utiliser un masque de protection ?

Les masques de protection : utiles ou inutiles ?

Réponse : utiles, mais pas non plus absolument nécessaires

Les fameux masques de protection ont déjà démontré leur efficacité dans le contexte de la protection collective. En effet, les masques disponibles pour le grand public actuellement ne protègent pas leur porteur (à part si vous possédez des FFP2). Ils servent uniquement si tout le monde en porte et lorsque les distances minimum ne peuvent pas être respectées.

Cependant, le ministère du travail nous met en garde face à l’intérêt des masques. Toujours sur le même principe, porter un masque ne dispense pas de l’application à la lettre des mesures barrières.

Pour faire face à la pandémie de COVID-19, le masque « grand public » est un complément des gestes barrières mais ne peut se substituer au respect des différentes mesures dont les règles de distanciation physique. Avant de réfléchir au port de masque, l’employeur doit donc mettre en œuvre toutes les solutions techniques et organisationnelles de protection collective permettant d’éviter ou de réduire les risques: télétravail, aménagement des horaires et des tâches, réorganisation des espaces ou du travail, installation de barrières de séparation physique, régulation des flux de circulation, marquage au sol… Si malgré la mise en place de l’ensemble des mesures précédentes, le respect de la distanciation physique d’un mètre entre deux personnes (clients, collègues, prestataires, etc.) ne peut être garanti, le port d’un masque devient obligatoire.

Pour savoir quels masques choisir, un tableau est disponible dans le protocole. Sinon, n’hésitez pas à nous contacter. Nous avons lancé en ce début de confinement une initiative solidaire de distribution de masques aux entreprises qui finance des dons aux associations dans le besoin.

Accéder à Covid héros

En résumé, très peu d’objets sont nécessaires pour lutter efficacement contre la propagation du nouveau coronavirus SARS-coV-2. Les mesures de prévention collectives sont donc largement à privilégier dans la mesure du possible. Pour le reste, le mot d’ordre sera le bon sens. Comme le disait Jean de la Fontaine, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Ne cherchez pas à reprendre trop hâtivement en entassant vos collaborateurs dans vos bureaux. De nombreuses autres organisations efficaces, à la fois contre le covid19 et pour le travail, sont possibles.

L’auteur :

Wilfrid de Conti
Professionnel de l’engagement et de la brand advocacy

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