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Wilfrid DE CONTI
Temps de lecture: 7 mn environ
Illustration par Fanny Lamouroux

A 5 jours du démarrage du tour de France 2019, les voix contre les goodies du tour de France s’élèvent. Tout commence par une tribune publiée sur le JDD le 29 juin dernier qui a depuis été reprise, notamment par LCI. Le titre de la tribune : « Gadgets en plastique : le Tour de France roule sur la tête ». Evidemment, nous ne pouvons qu’être en phase avec ce ras-le-bol que les 34 députés et six ONG ont mis en évidence dans cette tribune. En effet, selon les auteurs, ce ne sont pas moins de 18 millions de goodies qui sont distribués pendant le tour de France…

Etant donné notre positionnement, nous avons décidé de prendre la parole sur ce sujet afin d’expliquer le problème et de proposer des solutions.

La racine du problème du tour de France : des goodies « jetables »

Ce que condamnent à raison les auteurs de la tribune c’est le caractère jetable des objets distribués, ainsi que leur quantité indécente. 

En effet, on estime à 18 millions le nombre de goodies distribués sur le tour chaque année. On connait aujourd’hui l’impact que peuvent avoir ces goodies en plastique sur les écosystèmes alentours.

Selon les mots des auteurs, voici à quoi se résument les goodies distribués sur le tour de France :

Les « goodies »? De pitoyables breloques en plastique fabriquées en Chine, trop souvent sous blisters, ces terrifiants emballages plastiques inutiles. Tous ces gadgets en plastique, qui ne servent à rien, sont semés chaque année sur les routes de France, comme si tout cela était normal.

Nous sommes donc très loin des goodies certifiés BUD – Beau, Utile et Durable – une charte de qualité prônée par Besight.

Il est donc effectivement insupportable de voir que l’on distribue à foison des objets bas de gamme qui finiront à la poubelle dans la semaine suivant leur distribution tout au plus, ou encore pire, dans la nature polluant ainsi les écosystèmes et la biodiversité… 

Pourquoi cette distribution ?

L’histoire du goodies, que nous relatons dans notre livre blanc sur le sujet, nous apprend que depuis les années 1980, la consommation des goodies a littéralement explosée. Aussi, d’une manière générale, les consommateurs ont commencé à véritablement baigner dans cette sphère d’hyper consommation post seconde guerre mondiale. Le résultat est sans appel : on consomme avant tout en quantité, au détriment de la qualité…

En résumé, le marché s’est retrouvé au carrefour entre :

  • La montée des pays à bas coût de main d’oeuvre qui ont permis la chute des prix des biens & services
  • La croissance de la sphère d’hyper consommation qui alimentait un désir consumériste des consommateurs après la seconde guerre mondiale

Cependant, le tour de France est véritablement l’exception qui confirme la règle. En effet, il faut savoir que les pionniers de ce modèle ont même commencé un peu plus tôt :

En 1948, Ricard fait son entrée fracassante sur le tour en distribuant des milliers de « goodies » dont des cendriers et des casquettes qui font encore le bonheur des collectionneurs d’aujourd’hui.

Depuis, la caravane du tour de France est devenue l’un des attractions principales de cette grande manifestation sportive bien connue des français. 

D’ailleurs, un chiffre ne trompe pas : sur les 10 à 12 millions de spectateurs présent sur le bord des routes, 47 % viendraient uniquement pour la caravane du Tour de France selon France tv info.

Heureusement, les consommateurs évoluent. Malgré les mauvaises habitudes, la prise de conscience est en cours et de nombreuses voix s’élèvent. Nous sommes donc très touchés de voir des députés et des ONG s’élever contre ces mauvaises pratiques vieilles de plusieurs décennies… Merci à eux !

Comment communiquer autrement par l’objet ?

Comme le demande très justement les auteurs de cette tribune :

Amoureux du Tour plus encore amoureux de nos campagnes, de nos montagnes, de nos communes et de nos territoires, nous demandons aux organisateurs, aux partenaires, aux sponsors de prendre réellement conscience de ces réalités et de réfléchir pour l’avenir à un tour plus écolo avec une caravane publicitaire débarrassée de ces objets plastiques dont nous n’avons pas besoin.

Voici deux pistes de solutions pour les sponsors du tour de France :

Distribuer des produits vertueux pour l’environnement

Si l’objectif est de distribuer en masse des objets dans l’optique de maximiser sa présence sur le tour, pourquoi ne pas tout simplement distribuer un produit qui a un impact positif plus il est distribué plutôt que l’inverse ?

Pour donner quelques exemples, il est aujourd’hui parfaitement envisageable de distribuer des flyers à graines constitués d’un papier biodégradable ou encore des petites grenades à graines. En distribuant en masse ce type de produits, le tour de France n’aurait pas un impact négatif mais au contraire un impact vertueux.

Distribuer moins, mais mieux

Plus besoin d’expliquer la pertinence de cet argument. 

Ce qui nous gêne le plus chez Besight dans la distribution en masse de goodies sur le tour de France, c’est surtout le geste de jeter des goodies à pleine poignée. 

Il faut absolument revoir le mode de distribution de ces goodies sur le tour de France pour éviter à tout prix ce geste qui ne donne aucune valeur aux objets distribués. 

Pourquoi ne pas prendre simplement le temps sur le village départ de distribuer des produits de meilleure qualité en quantité beaucoup plus faible ? De plus, pourquoi ne pas offrir des objets vraiment utiles sur le tour comme par exemple des kits d’objectifs pour smartphone qui pourront servir aux fans pour prendre de très belles photos que vous retrouverez ensuite sur vos réseaux sociaux ?

En bref, nous pensons qu’une autre communication par l’objet est possible. Une communication par l’objet BUD, Belle, Utile et Durable.  Enfin, un événement comme le Tour de France doit absolument se mettre à jour et enfin proposer un nouveau mode de communication plus vertueux pour l’environnement et les consommateurs.

Pour information, voici la liste des signataires que nous remercions au passage:

Députés : François-Michel Lambert, député (Libertés et Territoires) des Bouches-du-Rhône ; Caroline Janvier, députée (LREM) du Loiret ; Jean-Felix Acquaviva, député (LT) de Haute-Corse ; Delphine Bagarry, députée (LREM) des Alpes-de-Haute-Provence ; Erwan Balanant, député (MoDem) du Finistère ; Émilie Cariou, députée (LREM) de la Meuse ; Michel Castellani, député (LT) de Haute-Corse ; Annie Chapelier, députée (LREM) du Gard ; Mireille Clapot, députée (LREM) de la Drôme ; Jean-Michel Clément, député (LT) de la Vienne ; Paul-André Colombani, député (LT) de Corse-du-Sud ; Frédérique Dumas, députée (LT) des Hauts-de-Seine ; M’jid El Guerrab, député (LT) des Français de l’étranger ; Yannick Favennec, député (LT) de Mayenne ; Bruno Fuchs, député (MoDem) du Haut-Rhin ; Yannick Haury, député (LREM) de Loire-Atlantique ; Sandrine Josso, députée (LT) de Loire-Atlantique ; Sandrine Le Feur, députée (LREM) du Finistère ; Jacques Maire, député (LREM) des Hauts-de-Seine ; Sereine Mauborgne, députée (LREM) du Var ; Paul Molac, député (LT) du Morbihan ; Matthieu Orphelin, député (non inscrit) de Maine-et-Loire ; Bertrand Pancher, député (LT) de la Meuse ; Sylvia Pinel, députée (LT) du Tarn-et-Garonne ; Barbara Pompili, députée (LREM) de la Somme ; Florence Provendier, députée (LREM) des Hauts-de-Seine ; François Pupponi, député (LT) du Val d’Oise ; Nathalie Sarles, députée (LREM) de la Loire ; Elisabeth Toutut-Picard, députée (LREM) de la Haute-Garonne ; Frédérique Tuffnell, députée (LREM) de Charente-Maritime ; Philippe Vigier, député (LT) d’Eure-et-Loir ; Michèle de Vaucouleurs, députée (MoDem) des Yvelines ; Cedric Villani, député (LREM) de l’Essonne ; Jean-Marc Zulesi, député (LREM) des Bouches-du-Rhône. 

Organisations non gouvernementales : Expédition 7e Continent, No Plastic In My Sea, Zero Waste France, Green Cross France, Réseau Déchets Sauvages (ReDeSa), Surfrider Foundation Europe

L’auteur :

Wilfrid de Conti
Professionnel de l’engagement et de la brand advocacy

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